La résidence des Amazonies Spatiales compte 15 auteurs et autrices d’horizons littéraires différents. Leur mission est d’écrire les récits prospectifs sur l’espace à horizon 2075 qui seront publiés aux éditions Bragelonne courant 2024.
Emanuele Coccia :
Emanuele Coccia est professeur associé à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris depuis 2011. Il a été professeur invité aux universités de Buenos Aires, Columbia NY, Harvard, Munich, Venise, Tokyo et Weimar. Il est l’auteur de La vie sensible (2010), La vie des plantes (2016), Métamorphose (2020) et Philosophie de la maison (2021). Ses livres sont traduits en plusieurs langues. Il a réalisé des vidéos d’animation telles que Quercus (2019, avec Formafantasma), Heaven in Matter (2021, avec Faye Formisano) et Portal of Mysteries (2022, avec Dotdotdot). En 2019, il a contribué à l’exposition Nous les Arbres, présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris. Il a édité les catalogues de la 23e Triennale d’architecture et de design de Milan : Unknown Unknowns. An Introduction to Mysteries. Il écrit actuellement un ouvrage à quatre mains sur la relation entre la mode et la philosophie avec l’ancien directeur créatif de Gucci, Alessandro Michele.
Dans le cadre d’Amazonies Spatiales, il essayera de repenser une forme de science-fiction qui associe la biologie, la chimie, la géologie plus contemporaine aux mythes amazoniens, afin de faire apparaître la nature et la matière de la Terre comme les formes de vie les plus surréalistes et les plus sci-fi que nous connaissons. Il s’agit de comprendre la géologie comme l’avenir et non comme un pur passé. Un avenir à l’état fossile. Penser la nature comme un fait de science-fiction, comme un futur absolu, c’est apprendre à affirmer qu’il existe un espace d’élaboration constante de nouvelles formes qui ne demande pas à être protégé ou préservé, mais accéléré et libéré.
Sylvie DENIS :
Sylvie Denis est née à Talence en 1963. Elle est enseignante d’anglais de formation et vit à Auch. Lectrice de SF dès l’adolescence, elle participe depuis les années 1990 à tous les évènements majeurs en France et en Angleterre du milieu de la Science-Fiction, festivals, conventions, projets éditoriaux. Ses romans et nouvelles, d’une écriture limpide, accordent une place de choix aux nouvelles technologies et à leur impact sur les sociétés humaines. Après Jardins virtuels (Folio SF), paru en 2003, elle a publié un roman de fantasy, Haute-École, récompensé par le Prix Julia Verlanger, puis La Saison des singes et L’empire du Sommeil, tous deux aux éditions L’Atalante. Elle a également écrit pour la jeunesse avec deux romans, Les îles dans le ciel et Phénix futur (Mango). Elle a obtenu le prix Solaris en 1988 pour L’anniversaire de Caroline, le prix Rosny Aîné en 2000 pour Dedans-Dehors et le prix Julia Verlanger en 2004 pour Haute École. En mai 2018, elle a été sélectionnée pour être l’auteur en résidence dans le cadre du programme «A Room with a view », sous l’égide des services culturels de l’Ambassade de France aux États-Unis, du consulat de France à San Francisco et de l’Institut Français. Elle a également bénéficié d’une bourse du CNL pour le projet proposé pour cette résidence «A room with a view ». Ses derniers textes publiés sont Contaminations, dans Bifrost n°103, juillet 2021et Après L’Éden, dans Utopiales 2019 et 2021.
Elle a toujours considéré que la Science-Fiction permet de populariser la science auprès du grand public et de mener des expériences de pensées qui élargissent nos horizons. Dans sa préface à l’anthologie Escales 2001, elle avait postulé que notre société des écrans tend à nous enfermer dans une « bulle de présent » qui empêche la projection à long terme. Son vécu des effets du réchauffement climatique dans le sud de la France et la guerre en Ukraine n’ont fait que renforcer ces sentiments. Elle est particulièrement intéressée par l’initiative Solaris dont la proposition de développer le SBSP est porteuse du type de rupture technologique dont la Science-Fiction se nourrit. Elle a aussi écrit une nouvelle sur le sujet de la blockchain et de ses utilisations.
Saïd :
Saïd est né en Belgique en 1989. Il est l’auteur de plus de soixante nouvelles de science-fiction qu’il publie sous licence libre et sous formes variées depuis 2014 : lecture directe, e-books, audiolivres, livres papier…Déterminé à pousser l’édition indépendante dans ses retranchements, Saïd ne se contente pas d’écrire : il édite et publie ses propres oeuvres, qu’il conceptualise, imprime et relie à la main. En 2022, il publie « L’humain outresolaire en affiches », un condensé d’histoire de l’humanité imprimé en risographie, sous forme dun livre et d’une série d’affiches. En podcast ou en conférence, il prend régulièrement la parole pour parler des cultures de l’imaginaire ou discuter de l’influence du Libre sur la création et l’édition. Tous les projets de Saïd peuvent être retrouvés sur son site www.saidwords.org.
Il écrit : “Aujourd’hui, peu d’entre nous connaissent véritablement les détails de l’état d’avancement de l’exploration spatiale, d’où l’intérêt des futures discussions avec des experts. L’espace et le ciel étoilé restent des éléments de fascination plus que de connaissance, y compris pour moi-même. L’*Amazonie*, c’est aussi l’*inconnu*, un lieu lointain, réservoir d’images correspondant peu ou pas à la réalité. J’imagine les *Amazonies spatiales* refléter la (mé)connaissance répandue entre humains dans un demi-siècle, l’écart suspendu entre la réalité et ce qu’on en dira à ce moment. Y aurait-il un intérêt à réduire cet écart ? ou à le conserver ? Je vois le projet *Amazonies spatiales* comme un point de convergence entre différentes préoccupations qui jalonnent mon propre parcours.”
Silène EDGAR :
“Curieuse lectrice
Autrice éclectique
Tout sauf lisse
Courant électrique
25 romans
44 ans
2 enfants
1 tour du monde
Écolo dans les bois
Engagée engagée engagée
Fiche Wikipedia
Zut, j’ai dépassé.”
Écrit-elle.
Grande fan de Descola, elle met elle-aussi les Amazonies au pluriel. Elle croit sincèrement que la rencontre des artistes et des scientifiques crée l’espace imaginaire dont nous avons besoin maintenant et demain.
Christophe FIAT :
Christophe Fiat est écrivain, poète et dramaturge. Il est né à Besançon en 1966. Il habite Paris. Il a publié une vingtaine de livres dont Héroïnes (Al Dante, 2005), Stephen King Forever (Éditions du Seuil, 2008), Retour d’Iwaki (Gallimard, 2011), Tea Time (Les petits matins, 2020), Développement du sensible (Éditions du Seuil, 2022) et Quand les décors s’écroulent (Éditions de l’Attente, 2023)Il fait des lectures publiques et des performances de ses textes et il a créé plusieurs pièces de théâtre à partir de ses livres dont certaines ont été jouées au Festival d’Avignon comme La Jeune Fille à la bombe en 2007 et l’Indestructible Madame Richard Wagner en 2011. En 2019, il a créé la pièce Cléopâtre In Love au CDN – Nouveau Théâtre de Montreuil avec l’actrice Judith Henry. Il est aussi l’auteur de fictions radiophoniques pour France Culture lues par Irène Jacob, Stanislas Nordey, Anouk Grinberg, André Wims, dont Stephen King On The radio avec Jean-Pierre Kalfon. Il a collaboré avec les artistes, Massimo Furlan, Yan Duyvendack, Thomas Hirschhorn, Sarah Ritter, Nicolas Fenouillat. Il a enseigné pendant 7 ans l’écriture et la littérature à l’école d’art de Clermont Ferrand. Depuis 2020, il anime la revue de création COCKPIT (www.revuecockpit.com) avec Charlotte Rolland.
Il évoque dans son oeuvre l’avenir de notre monde sous la forme de récits ou sous la forme de poèmes qui tentent à partir de notre époque d’éclairer le futur, ceci en utilisant notre imaginaire culturel (le film 2001 l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, la chanson Life on mars de David Bowie ou la série des Godzilla) et les potentialités de la langue française dont il fait sonner les phrases et les mots comme s’ils étaient des messages interplanétaires (en référence aux « objets » à bord des Sondes Voyager 1 et 2). Ces récits ont été composés à partir de documents livresques en provenance de textes spécialisés ou de vulgarisation scientifique. Il souhaite se rendre à Kourou comme il l’a fait au Japon en 2011. Il s’est rendu dans la zone sinistrée de la préfecture de Fukushima avec une équipe japonaise qui lui a permis d’écrire un livre qui n’était pas un simple témoignage mais une fable humaniste sur cette catastrophe : Retour d’Iwaki.
Sophia GUERMI :
Prospectiviste, juriste en droit international, passionnée par les enjeux de gouvernance, elle se consacre à ces enjeux notamment par l’écriture de scenarii et d’essais de prospective, tout en s’intéressant également à des genres variés. L’espace, mais aussi l’eau, sont deux de ses enjeux de prédilection. En tant que juriste en droit international, l’espace extra-atmosphérique est un sujet et un enjeu pressant autant que passionnant en matière de gouvernance, en plus d’être l’objet ultime d’évasion.
Son attrait pour l’espace est tel que, alors qu’elle était en train de parcourir l’Europe en train, elle a choisi de prendre pour point de départ Vienne afin d’y visiter le Bureau des affaires spatiales des Nations unies et d’avoir l’opportunité d’observer de plus près le centre névralgique de la gouvernance spatiale. Elle a été pré-sélectionnée pour le concours d’essais “Space4Youth Competition”, pour son texte sur le thème “Comment l’espace peut résoudre les enjeux liés à l’eau ?”, où elle a choisi d’aborder un thème qui prête à rire malgré son importance cruciale : les toilettes et l’assainissement. C’est ce qui la caractérise le plus, elle et son écriture : créer des ponts surprenants, dérouter en créant des concepts futurs dans la précision d’un format connu du présent.
Haïla HESSOU :
Haïla Hessou est une autrice de théâtre, de récits, d’histoires. Dans ses pièces, l’autrice invite nos imaginaires collectifs remplis de fables, de figures et de symboles, à repeupler notre quotidien. De l’onirisme, du merveilleux, du cru. Ses pièces Adieu et Bienvenue et Sur les ruines de Babel (western rouge) sont publiées aux éditions Lansman. Ses textes sont joués dans des festivals en France, au Togo et au Bénin.
Son travail d’écriture consiste à invoquer nos imaginaires collectifs, pour les inviter à converser avec le présent. Avec Amazonies Spatiales, elle souhaite ouvrir les fenêtres pour se projeter loin, parce que la connaissance n’empêche pas l’émerveillement ou l’éloge du merveilleux, au contraire ! Elle rêve d’une nouvelle qui s’appuie sur l’afrofuturisme, ou plus précisément sur un futurisme africain, voire afropéen, avec comme socle, des figures historiques (Celle qu’on appelle reine des Amazones au Bénin, Tassi Hangbé), des croyances (géomancie, animisme, cosmologie vodoun). Un socle de syncrétisme pour une Afrique puissante inventée (qui s’invente déjà aujourd’hui : Agence spatiale africaine, satellite ghanéens). Elle écrit : “L’espace est parfois écran, parfois miroir. Utilisons le futur comme un outil ! Ni dystopie, ni utopie : inventer notre futur, avec exigence et précision, c’est prendre de l’avance sur notre temps !”
Maëlle LAPIERRE :
Maëlle Lapierre, étudiante en première année à Science Po Lyon, a publié son premier livre Le silence était révélateur aux éditions Hugues Facorat en 2021, à l’âge de 17 ans. Il ne s’agit cependant pas de sa première expérience littéraire. Son œuvre littéraire Metanoia est lauréate de l’édition 2021 du concours annuel organisé par la plateforme, les Wattys, et présente différentes réalités. Elle a mené plusieurs séances de sensibilisation au harcèlement scolaire en lien avec son roman Le silence était révélateur. Son engagement social ne s’arrête pas là, s’étendant aussi à des préoccupations féministes ou écologiques. Après un an de classe hybride faculté d’histoire/prépa, elle a intégré Science Po Lyon, où elle étudie actuellement pour se former aux enjeux présents et futurs du monde contemporain.
Participante au Plan de Transformation de la Loi Française avec le Shift Project, étudiante à Sciences Po Lyon, autrice de plusieurs textes, témoin du festival “Demain, mais en mieux” à Lyon en février 2023, elle souhaite explorer la façon dont le projet spatial est un processus long, complexe, dont nous ne sommes qu’à l’aube.
Noëmie LEMOS :
Grande curieuse et enthousiaste invétérée, Noëmie Lemos est une ingénieure créative et une créative ingénieuse. Diplômée de l’Institut Agro Rennes-Angers et adoubée d’un « 22/20 » par sa professeure de français de troisième, elle partage son temps entre les chiffres et les lettres. Née en Savoie en 1985 et Bretonne d’adoption, elle a besoin d’un écosystème complexe pour s’épanouir : trois librairies, cinq pots de confiture de groseille, dix litres de thé, un kilo de poils de chat éparpillés sur le fauteuil et bien entendu, une pyramide de carnets de notes.
Elle aime mêler sciences et imaginaires dans ses écrits, à destination des adultes comme des plus jeunes, de la nouvelle au roman en passant par la novella. Touche à tout, elle apprécie l’urban fantasy gastronomique1, le steampunk à tendance électrique2 et la science-fiction dans toutes ses couleurs – du space-opera3 à l’anticipation4, chaque récit est pour elle l’occasion de faire réfléchir en douceur à des valeurs qui lui sont chères : respect, écologie, ouverture d’esprit.
Au travers d’Amazonies Spatiales, elle veut donner une voix à un futur optimisme. Et si l’exploration spatiale était la clé pour sauver notre planète, et non pas coloniser l’ailleurs ? Et si l’humanité se réconciliait grâce au spatial, plutôt que de se déchirer pour le conquérir ? Elle souhaite imaginer un avenir où les citoyens du monde travailleront main dans la main. Mais l’optimisme ne signifie pas rêver à l’impossible, il se nourrit de concret ! De concret scientifique, et de concret humain : les échanges et les rencontres seront sa source d’inspiration, sans jamais séparer les expertises techniques des personnalités uniques de chacune et chacun.
1. « Rouge Groseille », Anthologie Marmite&Micro-Ondes, éd.Géphyre 2021/« Roblochon et vapeurs entêtantes » Anthologie Fromaginaire, La Fabrique à Histoires 2023
2. « Maudite Lumière », Anthologie Mécanique et Lutte des classes, éd.Oneiroi 2020
3. « Désillusion », Anthologie Guerres Stellaires, Critic, 2022/« Hope », Timelapse, 2023
4. « Neige », 2023/« La toile de l’espace », Anthologie Amazonies Spatiales, Bragelonne, 2024
Zacharie LORENT :
Zacharie Lorent est comédien et auteur, formé au Théâtre National de Strasbourg. Il écrit plusieurs pièces en s’intéressant notamment à la place des récits dans nos constructions intimes et collectives, aux nouvelles figures héroïques et à la notion de bifurcation (à l’échelle d’individus comme de civilisations). Avec Archipel (2019) et Sodium (2022), il entame un cycle sur l’anticipation, avec pour but d’articuler entre elles les narrations du passé et du futur. Ces deux pièces sont crées au théâtre par la compagnie A., qu’il co-dirige avec Alice Gozlan. Il collabore avec la Maison des Arts de Créteil, le Théâtre de Vanves, l’ECAM, le Théâtre de Choisy Le Roi et Le collectif 12. En tant que comédien, il travaille notamment en salle pour Julien Gosselin (1993), Justine Simonnot (Delta Charlie Delta), Joris Lacoste (Noyau Ni Fixe), Cendre Chassanne (Nos vies inachevées, Crocodiles), Lazare (Sur ses gardes, Nuits étoilées) ou encore Alice Gozlan (Archipel, Le Réserviste, Sodium). En rue, il travaille notamment avec la Compagnie Annibal et ses éléphants ou Oposito. Il collabore avec Joséphine Serre pour la mise en scène d’Amer M. et de Colette B. (Théâtre de la Colline 2022).
Ses deux derniers textes se sont construits autour du désir d’explorer de nouveaux imaginaires qui font la part belle à la préservation de la planète, à l’organisation de nouveaux modes de co-existence, qui pensent la sensibilité comme moyen d’émancipation et ré-historicisent nos trajectoires. Conscient de vivre dans un monde aux ressources limitées, il souhaite partir à la recherche d’une variété physique, ontologique, esthétique, poétique pour faire valoir d’autres formes de richesses. C’est dans cette variété, cette pluralité qu’il aimerait essayer d’inventer de nouveaux récits, qui nous ancrent plus fortement dans le monde tout en nous donnant le courage d’agir sur lui. L’aventure « Amazonies Spatiales » l’intéresse particulièrement pour sa dimension collective. Les rencontres qu’elle permet avec des scientifiques pour ancrer nos imaginaires sur des recherches existantes, mais aussi pour découvrir les charges conceptuelles et poétiques qu’elles recèlent. Travailler en tissage avec l’extérieur et particulièrement avec le web, pose la question de la viralité des récits produits, une question qui lui semble essentielle dans les mondes d’aujourd’hui et de demain. “Comment rendre nos récits viraux ?”, demande-t-il. Il trouve essentiel de ne pas laisser les imaginaires spatiaux, ou les imaginaires du progrès, être monopolisés par un ou deux récits hégémoniques, mais au contraire les habiter et les peupler de toutes nos forces !
Mickaël REMOND :
Auteur, podcaster, hacker, entrepreneur. J’ai adopté le code et l’informatique comme moyen d’expression, avant de devenir auteur. Je crée des projets open source, qui sont utilisés dans le monde entier (notamment au cœur de Whatsapp) et participe à des projets de recherche européens. Je suis désormais auteur dans l’imaginaire et le thriller. J’ai publié le recueil de nouvelles de science-fiction Contes de Silicium, corrige mon premier roman, 404, et rédige mon deuxième roman, La Plaie, en feuilleton, au rythme d’un épisode par semaine. Grand lecteur des littératures de genres, j’ai créé le podcast Double Vie, qui donne la parole aux voix francophones de l’imaginaire, de Christelle Dabos à Franck Thilliez, de la fantasy à la science-fiction, en passant par le polar. J’anime également un blog et une lettre hebdo sur mon site, ce qui m’a conduit à produire plus de deux millions de signes en deux ans, entre fictions (souvent) et réflexions sur l’écriture et la création (parfois).
Il veut raviver ce souffle de l’exploration épique, dans la tradition de Jules Vernes et du « merveilleux scientifique », ou de “La Planète des Singes” de Pierre Boule, ces textes qui stimulent notre imaginaire et parlent de notre humanité, loin des clichés de leurs adaptations, ces textes sont aussi des merveilles de poésie, et permettent de retrouver ce goût de l’inconnu qui a disparu d’un globe dont nous exploitons le moindre espace. Il souhaite raviver l’imaginaire d’une jungle mystérieuse, habitée de peuplades et d’une faune qui vivaient en paix, au fond de l’Amazonie, avant que l’Homme n’y débarque. Il entend conter une exploration porteuse d’espoir, parler d’environnement, de l’humanité, de son expansionnisme. Il souhaite écrire un texte évoquant la SF pionnière des années 60, dans un hommage au génie méconnu de Pierre Boulle, qui fasse la part belle à l’idée d’exploration spatiale et à la réflexion sur l’humanité, avec une fin à chute, mise en abîme vertigineuse face à l’immensité de l’univers.
Sylvie POULAIN :
La tête à la science et le cœur à la littérature, elle commence par suivre l’appel de l’aventure pour une première carrière très technique : pilote d’hélicoptère dans l’aéronautique navale. Après 15 ans à parcourir le globe au sein d’équipes embarquées sur divers navires, elle raccroche son casque et revient à son premier amour, le livre. Aujourd’hui, elle s’est reconvertie dans la reliure artisanale et l’écriture. Son premier roman paraît chez Bragelonne : une science-fiction sous-marine qui traduit ses interrogations sur l’avenir et la société sans renier l’élan des romans d’aventure. Elle eu à cœur d’y faire revivre la dynamique de groupe et les environnements technologiques vécus dans la marine.
« Amazonies » ? Elle pense nature exubérante, exploration, mais aussi antagonismes : économie contre écologie, industriels contre autochtones et défenseurs de l’environnement. « Spatiales » ? Elle pense science, technique, vertige de l’infiniment grand, mais aussi aventure collective. Face à la crise climatique, elle est persuadée qu’il importe de reconnecter tous ces domaines plutôt que de laisser les fossés se creuser. Pour trouver un terrain d’entente entre nature et technique, ses premières réflexions la portent vers le droit, notamment la notion de personnalité juridique des écosystèmes, qui développe une vision intégrée, globale, de l’homme dans son environnement. Elle aimerait étendre cette réflexion au domaine spatial, à la façon dont l’homme s’intègre dans le système solaire. En 2075, elle veut croire que notre société prendra mieux en compte l’interdépendance unissant les êtres vivants sur notre planète. Mais que se passerait-il si nos explorateurs spatiaux découvraient un écosystème autre ? Aurions-nous la sagesse de nous mettre en retrait, de questionner le droit que nous avons sur un système qui ne nous inclut pas ? “Regarder vers l’espace, c’est prendre du recul sur nous-mêmes : un satellite dévoile des réalités d’ensemble invisibles au simple « terrien ». Peut-être trouverons-nous en scrutant les étoiles des clés pour mieux nous inscrire dans le monde où nous vivons. Je ne vois pas grand-chose de plus motivant que cette aspiration.” écrit-elle.
Bérékia YERGEAU :
Bérékia Yergeau, la fondatrice de la Cie OTEP, est une autrice et metteuse en scène d’origine haïtienne qui a développé sa passion pour la scène, les arts et les lettres à Montréal dont elle est diplômée en arts et lettres interprétation théâtrale. Elle met en scène son premier spectacle en 2011 et est publiée aux éditions TNT (Des rivières et des rêves en 2011, Flash Nude en 2016, Accompagne-Moi en 2017). L’amour des mots, l’équilibre et une esthétique picturale sont au centre de sa démarche artistique. Installée en Guyane française depuis 2014, elle s’inspire de son lieu de vie pour créer et ancre le choix de ses thématiques dans le présent et ses enjeux en se référant à des témoignages pour ancrer ses créations dans l’actualité du monde: ce qui donnera Accompagne-Moi en 2018 une pièce satyrique qui traite de la hiérarchie sociale, Comme l’Oiseau en 2020, spectacle sur la problématique des mules et Entre Chiens et Loups en 2022 sur le rapport à la violence dans le cadre de luttes légitimes. Partageant sa passion avec la jeunesse et croyant à un théâtre populaire porté par celle-ci, elle crée en 2016 les troupes de jeunes au sein de sa ville d’adoption, Kourou en Guyane. Elle mène notamment avec eux des ateliers d’écriture au sein de son lieu: le laboratoire de création dit LAB’OTEP.
Sa passion se résume à l’alchimie par les mots, la poésie, la narration et le théâtre. Les rencontres et les différents procédés de créations l’inspirent et l’animent. L’imaginaire spatial au futur est une zone qui reste pour elle inexplorée. S’y projeter, c’est élargir le champ des possibles et ce tant dans le processus d’écriture que dans notre capacité humaine à créer ce futur. Étant l’épouse d’un ingénieur informatique travaillant au centre CSG de Kourou, elle vit depuis près d’une décennie ce maillage scientifique et artistique. Elle est à l’affût des dernières grandes réalisations spatiales telle que l’envoie de James Web en décembre 2021 et se plaît à réfléchir aux impacts et débouchés que ces avancées scientifiques nous auront apportés.
Michael ROCH :
Michael Roch est un écrivain et scénariste de science-fiction, né en 1987 à Lyon. Son nouveau roman, Tè Mawon, première trace d’un afrofuturisme caribéen, est publié aux Éditions La Volte (2022). Depuis 2015, il mène plusieurs ateliers d’écriture autour du thème de l’Afrofuturisme – mouvement littéraire développant des contre-dystopies afrocentrées – en milieu carcéral et universitaire. Aujourd’hui, il anime Latilié, un atelier d’écriture créative dédié aux littératures de l’Imaginaire sur Twitch. Il enseigne le storytelling en Écoles supérieures et à l’Université des Antilles. Il est aussi membre de la Fabrique décoloniale. Il vit en Martinique.
Lorsque, à l’âge de huit ans, il allume son tout premier ordinateur, il télécharge immédiatement le programme SETI@home qui, de manière révolutionnaire, permet à tout à chacun d’écouter l’espace. La rencontre avec l’univers est un rêve d’enfant qui ne le lâche jamais vraiment. C’est aujourd’hui un mystère qui transparaît dans son travail littéraire. Ce dernier se pense à partir du concept de la Relation, répandu par le philosophe Édouard Glissant tout au long de sa vie : être ensemble, s’entendre en harmonie et malgré nos différences dans une mondialité en mouvement, ne s’applique pas qu’aux êtres humains ; la Relation se pratique à toutes échelles, de notre rapport à la faune, la flore, l’environnement, mais aussi, par extrapolation, au cosmos entier. Le mystère dont il parle — entrer en Relation avec le Cosmos — se comprend par une percée dans l’imaginaire, dans l’imprévisible et l’impensable des univers créatifs : par quel prisme peut-on considérer relationner avec des vies non-humaines, qu’elles viennent du fond de l’espace, ou de nos futurs, ces techno-sapiens, robots et autres intelligences artificielles qui ne sont pas encore nées. “La Science-Fiction, lorsqu’elle entre en symbiose avec la philosophie et les sciences-sociales, se montre révélatrice de forces et de dynamiques prospectives qui éclairent notre présent. Elle est d’autant plus originale lorsqu’elle est accompagnée d’un effort de décentrement des systèmes normatifs actuels, lorsqu’elle est couplée à une pensée décoloniale et non-occidentale. Elle permet alors, selon moi, d’approcher une peinture plus exacte, car plus complexe, du réel qui forge notre mondialité.” écrit-il.
Fanny Parise :
Fanny Parise est une anthropologue française, spécialiste des mondes contemporains et de l’évolution des modes de vie. Elle a consacré la dernière décennie à étudier les phénomènes de la déconsommation et le mythe de la contre-culture post-capitaliste. Précurseur dans l’identification des signaux faibles et des nouvelles tendances, elle mène des travaux de recherche sur le mouvement protéiforme des nouvelles élites culturelles et créatives. Elle préempte le terrain de l’imaginaire pour mieux objectiver le réel et explorer le futur, en se nourrissant de ses expériences ethnographiques et des outils de transfert scientifique qu’elle développe sous la marque de son collectif Magical Thinking®.
Elle engage ses travaux de recherche dans un processus de vulgarisation scientifique grâce à son podcast Madame l’anthropologue et aux Mythologies du futur qu’elle a co-fondées. Elle aspire à rendre accessibles les sciences humaines à un public non académique, en s’imposant sur la scène médiatique franco-suisse, afin de donner une voix à l’Anthropologie. Convaincue qu’une autre voie que celle des discours catastrophistes ou des théories survivalistes et collapsologiques est possible pour penser un futur proche viable, elle conçoit le futur non pas comme un eldorado, ni comme la fin de toute civilisation, mais comme un phénomène culturel où chaque citoyen aurait sa pierre à apporter à l’édifice. C’est par le prisme de tous les grands sujets qui nous animent aujourd’hui, qui nous intriguent, voire qui nous font peur, en utilisant les outils de l’Anthropologie et de l’Ethnologie, qu’elle aborde les Amazonies Spatiales.