Un nouvel espace pour les imaginaires

Jeudi 16 mars restera gravé dans nos mémoires comme le jour du lancement de notre propre odyssée de l’espace. C’était quasiment 10 ans jour pour jour après le lancement de Galileo, le satellite qui a permis à l’Europe d’être autonome dans ses mesures de position au sol et de ne plus dépendre de la NASA.

La soirée a été marquée par la révélation des 65 personnalités qui rejoignent l’ovni Amazonies Spatiales, première résidence littéraire et scientifique décentralisée dédiée à la construction de nouveaux imaginaires spatiaux. Le projet verra 15 auteur·rice·s de tous horizons et 50 expert·e·s des arts et des sciences faire équipe pendant 4 mois. Leur objectif commun : écrire ensemble des textes les plus avant-gardistes possibles sur l’espace à horizon 2075, campant un futur positif ou, tout du moins, la certitude que le pire ne nous est pas forcément promis.

Cette création transdisciplinaire sera également communautaire, avec un espace ouvert à toutes et à tous pour faire avancer les récits à leurs côtés. Car une chose est certaine : les imaginaires collectifs d’aujourd’hui feront le réel de demain. D’où l’urgence de porter des visions et solutions aussi fulgurantes qu’ancrées dans une réalité sociale et scientifique.

Nous portons la conviction que c’est au croisement de toutes les intelligences que l’on peut produire ce futur optimiste. C’est la raison pour laquelle Amazonies Spatiales est le projet commun de l’Agence Spatiale Européenne, du Groupe Hachette, de l’Observatoire de Paris, de l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et de Matrice, rejoints par d’autres acteurs économiques, scientifiques ou institutionnels.

Découvrez la soirée de lancement de la résidence Amazonies Spatiales… comme si vous y étiez.


Un cadre spécial, des œuvres spatiales

18h30 : les premiers invités font leur entrée dans les locaux de Matrice à l’atelier Barillet. Cette maison d’architecte, construite en 1932 par Robert Mallet-Stevens pour le maître verrier Louis Barillet, est classée monument historique. Le temps d’une soirée, ce sera également un lieu d’exposition pour deux installations artistiques, proposant chacune une approche distincte de l’imaginaire spatial : 

Orbis Tertius, ou l’art de cartographier la planète Mars en temps réel à partir de données de la NASA en accès libre, par Benjamin Vedrenne.

Souvenirs futurs de la terre, un triptyque photographique, signé Cynthia Charpentreau, composé de trois œuvres, Rosetta, Météore et Landscape for Tree-Rings, qui explorent les rapports entre terre et espace.

Les Amazonies Spatiales croquées par la jeune illustratrice Cameron Brooks, dont les créations exposées lors de la soirée figurent dans le livre perdu remis à chaque auteur·rice (voir plus bas).


Une résidence multiverselle

20h : « Rien n’est plus fort que l’écrit pour réconcilier la société avec son futur », comme l’a rappelé François-Xavier Petit dans son discours sur les origines d’Amazonies Spatiales. Après une belle introduction aux côtés de Claudia del Prado, responsable du projet, il est temps d’annoncer les artistes et scientifiques appelé·e·s à rejoindre l’aventure.

15 auteurs et autrices : ce sont celles et ceux qui vont imaginer et écrire les récits spatiaux à horizon 2075 – qui seront publiés aux Éditions Bragelonne courant 2024.

  • Emanuele Coccia
  • Sylvie Denis
  • Saïd
  • Silène Edgar
  • Christophe Fiat
  • Sophia Guermi
  • Haïla Hessou
  • Maëlle Lapierre
  • Noëmie Lemos
  • Zacharie Lorent
  • Fanny Parise
  • Sylvie Poulain
  • Mickaël Rémond
  • Michael Roch
  • Bérékia Yergeau

50 experte·s : d’horizons très variés – de l’ingénierie aérospatiale à l’anthropologie, en passant par l’architecture, l’écologie, les économies circulaires ou le spectacle vivant – ce sont celles et ceux qui vont nourrir et guider la construction des récits tout au long de la résidence.

  • Guy André Boy
  • Andreas Hein
  • Mathilde Gentil Fauçon
  • Aline Maréchaux
  • Éric Bertin
  • Adrien Normier
  • Cléa Bauvais
  • Matthieu Paris
  • Antoinette Pedron
  • Stéphanie Lizy-Destrez
  • Antoine Bocquier
  • Bernard Yannou
  • Jacques Arnould
  • Eric Monjoux
  • Elise Colin
  • Stefaan De Mey
  • Catherine Lari
  • Lionel Obadia
  • Club Apollo
  • Isabelle Sourbès-Verger
  • Louise Fleischer
  • Antoine Strugarek
  • Loïc Besnier
  • Brice Dellandrea
  • Sheyna Teixeira Queiroz
  • Pierre Bescond
  • Lauren Ducrey
  • Philippe Keckhut
  • Tania Lasisz
  • Isabelle Duvaux-Béchon
  • Mathieu Luinaud
  • Ewen Chardronnet
  • Thomas Vidal
  • Alexandre Tisserant
  • Barbara BELVISI
  • Ludovic Petitdemange
  • Athena Coustenis
  • Alban Guyomarc’h
  • Frédéric Keck
  • Vanessa Del Campo
  • Jean-Michel Truong
  • Gérard Klein
  • Jean-Pierre Andrevon
  • Didier Schmitt
  • Loïs Miraux

La diversité entre les profils de nos résident·e·s et la complémentarité de leurs expertises se retrouvent également chez nos partenaires historiques : 

  • L’Agence Spatiale Européenne (ESA)
  • Les Éditions Bragelonne et le groupe Hachette Livre
  • L’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
  • L’Observatoire de Paris
  • La Mairie du XVème arrondissement
  • La Collectivité Territoriale de Guyane

De nouveaux acteurs issus de l’industrie aérospatiale toulousaine viennent également de rejoindre l’aventure :

  • La Cité de l’Espace
  • L’histoire à venir 
  • Kineis

Mention spéciale à Antoine Béon (Bragelonne), Isabelle Duvaux-Béchon (ESA), Rainer Maria Kiesow (EHESS), Fabienne Casoli (Observatoire de Paris) et Alexandre Tisserant (Kineis) pour leurs discours passionnés.


Livre perdu et début de récits

« Le 16 mars 2023, quinze auteurs et autrices ont reçu par courrier une mystérieuse invitation à écrire les textes d’un livre perdu puis retrouvé, intitulé Amazonies Spatiales. Il s’agit d’une anthologie publiée en 1963 dans la collection Le Rayon fantastique, avec des textes réunis par un certain Vicente Yáñez Pinzón, dont nous ne savons rien. Les passages encore lisibles semblent avoir été écrits aujourd’hui et sont liés par une vision prospective du projet spatial en 2075. »

21h : Les quinze auteurs et autrices se voient remettre le fameux livre perdu évoqué dans le texte ci-dessus. Le synopsis du projet et son récit fictif fondateur sont tous deux signés Lancelot Hamelin, romancier, dramaturge et coordinateur artistique des Amazonies Spatiales.

Pour les résident·e·s, c’est la découverte du socle littéraire qui leur servira de base de travail pour les quatre mois à venir. Un exercice d’écriture leur avait déjà été proposé sur le sujet lors de l’appel à candidatures : la page arrachée. Ces texte seront lus tout au long de la soirée dans les étages de l’atelier Barillet.


Discours de haut vol

22h : La soirée se clôture en beauté avec les prises de parole des deux grandes figures tutélaires du projet.

Claudie Haigneré (que nous avons récemment interviewée) a souligné l’importance de réenchanter le discours scientifique sur l’exploration spatiale. Pour l’astronaute, il est plus urgent que jamais de renouer avec la fabrique d’imaginaires plus sains pour mieux penser demain.

« Ce qui m’inquiète, c’est de perdre notre capacité à rêver l’avenir. Car notre futur n’est pas uniquement lié à la question environnementale, mais aussi à la croyance en notre espèce et ses capacités. » — Claudie Haigneré

Christiane Taubira (en visioconférence depuis la Guyane) a quant à elle insisté sur l’importance de la littérature pour guider la pensée humaine. Citant le poème Eurêka d’Edgar Allan Poe comme influence majeure, l’ancienne Garde des Sceaux s’est dite perturbée par notre incapacité à redistribuer de façon équitable et juste la valeur de toute la richesse que nous sommes capables de produire. 

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23h30 : Ainsi s’achève le premier grand rendez-vous des Amazonies Spatiales. Le lendemain, auteur·rices et expert·e·s se retrouvent pour former les groupes de travail qui orienteront les recherches prospectives et créatives de la résidence. Ajoutons que vous êtes toutes et tous les bienvenu·e·s à rejoindre la communauté, qui fait partie intégrante du projet. Nous venons de créer un canal de discussion dans lequel les auteur·rice·s racontent leurs aventures, à la façon d’un journal de bord.

Concluons ce premier récit par un grand merci à celles et ceux qui font vivre les Amazonies Spatiales aujourd’hui, mais aussi à celles et ceux qui le feront demain. C’est parti pour quatre mois de tissage et d’apprentissage, de sérendipité et de transdisciplinarité, de rencontres spéciales et de découvertes spatiales.